Mise en œuvre projet ORM4SOIL : Le Mali à l’honneur d’une importante rencontre internationale

L’hôtel Olympe de Bamako abrite depuis le lundi 24 juin 2019, une importante rencontre sur la fertilité des sols. Il s’agit de la rencontre annuelle des pays impliqués dans la mise en œuvre du projet ORM4SOIL (Gestion des ressources organiques pour l’amélioration de la fertilité des sols et la sécurité alimentaire). Elle vise à faire l’état des réalisations faites dans le cadre du projet courant la période 2017-2018 et 2019 et les perspectives pour 2020 qui verra la fin du projet.

La cérémonie d’ouverture de l’atelier a eu lieu en présence du Directeur Général de l’Institut d’économie rurale (IER), les coordinateurs du projet ORM4SOIL des 4 pays membres, le représentant du Directeur de  L’Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche Appliquée (IPR/IFRA) de Katibougou, Pr Mamadou M Diarra et Pr. Andreas FILESSBACH de l’Institut de Recherche de l’Agriculture Biologique de Suisse (bailleur du projet).

Dans leurs communications d’allocution de « Bienvenue » et de discours « d’ouverture » des travaux, respectivement de  Pr. Mamadou M Diarra  (IPR/IFRA) et de Dr Abdoulaye Hamadoun, Directeur Général de l’IER ont tous les deux remercié les responsables du projet pour le choix porté sur le Mali pour abriter une telle rencontre, remercié les participants pour avoir fait le déplacement surtout ceux venus de l’extérieur malgré la menace sécuritaire qui prévaut au Mali. Il s’agit des participants venus, de la Zambie, du Ghana, du Kenya et de la Suisse. Les deux personnalités ont également profité de cette occasion pour rappeler certains problèmes majeurs dans l’agriculture aujourd’hui. Ces problèmes sont entre autres, les faibles productivités liées surtout au changement climatique,  la baisse des fertilités des sols ainsi que certaines pratiques culturelles paysannes non appropriées.

Selon eux, les technologies développées dans le cadre du projet ORM4SOIL permettent de faire face aux différents problèmes précités. Il s’agit de la fertilisation des sols à travers la plante « gliricidia » et la technique d’utilisation de l’engrais organique pour réduire la dépendance des paysans des engrais minéraux qui sont non seulement coûteux mais ont aussi des conséquences terribles sur l’environnement, la fertilité des sols et la santé des consommateurs.

Ce projet créé en janvier 2015, vise à mettre au point et diffuser des techniques permettant d’améliorer la sécurité alimentaire, les revenus des agriculteurs, la santé des écosystèmes tout en protégeant les sols et en les aidant à s’adapter au changement climatique.

Les 4 jours de la rencontre ont permis aux participants de faire l’état des réalisations dans la mise en œuvre du projet surtout pour la période 2017-2018, des présentations et discussions sur la gestion durable de la fertilité des sols et procédé à une visite des tests en station et en milieu paysans, à Mafeya et à Katibougou le mercredi 26 juin 2019 sous la conduite des responsables du projet ORM4SOIL au Mali dont Dr Fagaye SISSOKO, Coordinateur du projet ORM4SOIL au Mali et Pr. Sidiki Gabriel DEMBELE, enseignant-chercheur et Point Focal dudit Projet à l’IPR/IFRA de Katibougou.

Au village de Mafeya, les participants ont été imprégnés par les paysans sur le terrain sur leurs expériences dans la fertilisation des sols à travers surtout l’utilisation de la plante « gliricidia » pour la fertilité des sols. Le champ visité est celui de Ousmane Coulibaly, membre d’une plateforme de paysans, mise en place à cet effet. C’était un vrai exercice de donner et de recevoir entre paysans maliens et les participants.

« Nous sommes dans la pratique de la technique de la plante « gliricidia » il y a plus de 3 ans et ses avantages sont très nombreux.  Elle permet de rendre le sol très fertile. Les feuilles de gliricidia ont les mêmes éléments nutritifs que les aliments bétails. Je suis témoin de cette expérience. J’ai eu à nourrir mes animaux avec les feuilles de cette plante. En plus de cela, c’est une plante qui permet de rendre très fertile le sol. La différence est très net entre la partie de champ qui a gliricidia et celle  qui en n’a pas », a témoigné Ousmane Coulibaly, paysan à Mafeya.

Après Mafeya, la délégation s’est rendue sur le site d’expérimentation dans le domaine de  Katibougou. Là-bas aussi, c’était le même exercice. Les participants ont eu droit à des séances d’explication sur la technique gliricidia par Pr. Sidiki Gabriel DEMBELE accompagné de Dr. Fagaye Sissoko, Mr. Salif Doumbia. Ces séances d’explication ont été suivies des questions réponses.

Pr.  Sidiki Gabriel DEMBELE et Dr. Aliou Badara Kouyaté  encadrent sur le site d’expérimentation des étudiants en stage de fin de cycle ingénieur, Master et un Thésard sur leurs mémoires de fin d’études sur la gestion de la fertilité des sols au travers  la technique « gliricidia ».

 «  Le gliricidia sepium est une légumineuse ligneuse  à usage multiple qui permet de conserver l’humidité dans le sol en favorisant le stockage de nutriments dans le sol et qui permet la conservation des eaux et des sols. Cela est confirmé en station et en milieu paysan. Je viens de quitter d’un voyage pour la Suisse où des analyses de sol dans un laboratoire ont révélé que le dispositif permet de réguler le Potentiel hydraulique du sol » ; a témoigné Mr. Salif Doumbia, thésard sur le projet ORM4SOIL. Un autre avantage, poursuit-il,  est que le dispositif permet d’améliorer le taux de carbone dans le sol, le taux d’azote total et les éléments biologiques du sol. Tous ces avantages ont été prouvés selon Salif Doumbia au cours d’une analyse dans un laboratoire en Suisse.

Conformément au programme de la journée du mercredi, après le site de Katibougou, la délégation a reçu dans la salle des professeurs de l’IPR/IFRA de Katibougou, quelques membres de la Plateforme d’innovation. Une rencontre au cours de laquelle, les membres de la plateforme ont évoque quelques acquis du projet en termes d’activités réalisées, les difficultés rencontrées dont le manque de matériels de travail ou encore les difficiles accès aux crédits bancaires pour la réalisation de leurs activités. Des pistes de solutions ont été données dans ce sens par certains membres de la délégation.

La nouvelle qui a le plus réjouit les membres du projet, c’est sans nul doute, le fort engagement des paysans à poursuivre la technique gliricidia même après le projet. Les membres de la plateforme se sont engagés à cela avec des preuves à l’appui. Ce qui est très rare, car généralement, les innovations développées dans le cadre des projets disparaissent  après le projet. Ce qui ne semble pas être le cas avec les paysans de Mafeya qui sont plus que jamais déterminés à continuer avec cette innovation.

Modibo Dolo

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